Et quand…
Et quand je regarde mes mains, sur le drap, qu'elles se plaisent déjà à froisser, elles ne sont pas à moi, moins que jamais à moi, je n'ai pas de bras, c'est un couple, elles jouent avec le drap, c'est peut-être des jeux amoureux, elles vont peut-être monter l'une sur l'autre. Mais cela ne dure pas, je les ramène peu à peu vers moi, c'est le repos. Et pour mes pieds c'est la même chose, quelquefois, quand je les vois au pied du lit, l'un avec doigts, l'autre sans. Et cela est autrement digne de remarque. Car mes jambes, qui remplacent ici mes bras de tout à l'heure, sont raides toutes les deux à présent et d'une grande simplicité, et je ne devrais pas pouvoir les oublier comme je peux oublier mes bras, qui sont pour ainsi dire intacts. Et cependant je les oublie et je regarde le couple qui s'observe, loin de moi. Mais mes pieds, quand ils redeviennent tels, je ne les ramène pas vers moi, car je ne peux pas, mais ils restent là, loin de moi, quoique moins loin que tout à l'heure. Fin du rappel.